Rupture amoureuse, décès d’un proche, perte d’un emploi, maladie grave, violences physiques ou psychologiques, traumatisme dans l’enfance : personne ne réagit de la même manière face à une épreuve de la vie… Et, il se dit que la résilience aide à « mieux » survivre, et parfois même à vivre.
Mais qu’est-ce que la résilience ? Sommes-nous tous capables d’être résilient ? Et si cela s’apprend, quelles sont les techniques pour y parvenir ? Et si, finalement, nous ne pouvions pas l’être, serions-nous malheureux toute notre vie pour autant ? Difficile de répondre à toutes ces questions… Ayant personnellement appris à être résiliente depuis fort longtemps, je reconnais que la résilience m’a énormément permis d’avancer. Mais parfois, je m’interroge sur les limites de cette redoutable « résilience ».
Qu’est-ce que la résilience ?
Comment survivre au malheur ? Telle est la question à laquelle nous devons répondre si nous avons vécu une situation particulièrement traumatisante.
La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre avec ce fléau et à se reconstruire d’une façon socialement acceptable.
Bien plus qu’une aptitude ou une force que l’on a, c’est un rythme à prendre qui permet à une personne de rebondir de manière positive et de se créer un avenir, sinon heureux, au moins satisfaisant.
Le terme, emprunté à la physique, désigne « le retour à l’état initial d’un élément déformé ».
Les psychiatres américains spécialisés dans la petite enfance, ont adopté le mot dans les années 90. Il a ensuite été popularisé en France, par Boris Cyrulnik. Selon ce psychothérapeute, environ une personne sur deux subit un traumatisme au cours de son existence, qu’il s’agisse d’un inceste, d’un viol, de la perte précoce d’un être cher, d’une maladie grave ou d’une guerre ». Comme il le dit dans son ouvrage, la résilience est caractéristique d’une « personnalité blessée mais résistante, souffrante mais heureuse d’espérer quand même ».
La résilience, qui est notre capacité à surmonter les dures épreuves de la vie, est en chacun de nous, mais est plus ou moins présente. Si c’est un réel atout pour avancer et construire sa vie de manière positive malgré les épreuves, encore faut-il savoir la développer… et en connaître ses limites…
Comment développer notre résilience ?
Voici 8 clés pour développer votre résilience :
1- Préparer son kit de survie
Oui, oui. Un « kit de survie » pour faire face aux dures épreuves de la vie. Le principe consiste à faire l’inventaire de tout ce qui nous fait du bien. Même si nous ne pouvons pas tout anticiper, il est nécessaire de bien prendre conscience que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, de l’admettre et de s’y préparer. Cette sorte de boîte à outils, que l’on se construit, nous permet d’aller puiser, si besoin, dans ce qui nous réconforte, nous apaise, nous rassure et nous rebooste (voir ses amis, sa famille, aller au cinéma, faire du sport, lire, écrire, etc.) Cette boîte à outils sera d’autant plus accessible au moment voulu qu’elle aura été réfléchie, anticipée.
2- Identifier l’épreuve à affronter et l’accepter
Nier ou « faire l’autruche » face aux épreuves de la vie, ne les fera jamais disparaître. Cela vous mettra au contraire dans un état d’inconfort. Les affronter en les acceptant nous force à réagir de manière adaptée. Mais attention à ne pas confondre acceptation et résignation !
3- Apprendre à réguler nos émotions
Réguler nos émotions, lors d’une épreuve, se déroule en 4 temps :
- On les accueille en conscience
- On les identifie
- On les accepte
- On s’apaise
4- Modifier notre regard vis-à-vis de l’épreuve
Au premier abord, une épreuve est toujours négative. Il faut s’efforcer de la voir autrement, sous plusieurs angles (quand c’est possible bien sûr). Il est nécessaire de prendre conscience qu’elle peut nous permette de changer positivement, d’avancer, de transformer notre vie.
5- Demander de l’aide et aider l’autre
Demander de l’aide à quelqu’un permet de ne pas rester seul face à son problème. Avoir l’écoute de l’autre, demander des conseils aident souvent à surmonter une épreuve. Aider les autres aussi est une bonne thérapie pour relever la tête et passer outre notre souffrance. On décharge l’attention que l’on se porte à soi-même sur une autre personne, ce qui permet de mettre la douleur à distance.
6- Travailler, s’occuper
Pour éviter de ruminer et de sombrer dans la dépression, rien de tel que d’occuper son esprit par le travail, l’écriture, le sport, la méditation, la relaxation, la sophrologie, une activité manuelle etc. Tout est bon pour forcer notre cerveau à faire une pause mais aussi notre corps tout entier. Notre problème prendra alors moins de place et nous permettra de nous apaiser un peu.
7- Bien choisir notre entourage
Dans les dures épreuves que peut réserver la vie, préférez vous entourer de personnes à l’écoute, empathiques et bienveillantes qui vous aideront. Choisissez plutôt de vous entourer de personnes, elles-mêmes résilientes qui sauront trouver les mots pour vous réconforter.
8- Se faire confiance
Autorisez-vous à vous féliciter d’être encore debout malgré l’épreuve. Dites-vous que vous êtes forte et que vous avez réussi à l’affronter malgré la difficulté. Regagner la confiance en soi et l’estime de soi est une étape fondamentale à ne surtout pas négliger !
Et si la résilience avait ses limites ?
Mais lorsque l’on y pense, n’y a-t-il donc pas dans la résilience une forme détournée d’enfouissement de nos émotions ? À vouloir sans cesse les contrôler, ne cherchons-nous pas une façon de les anéantir pour s’en protéger ? Être résilient n’a-t-il pas ses limites ?
La face triomphante et lumineuse de la résilience cache en fait de profondes blessures qui nous engloutissent. Si elle paraît être une capacité à surmonter les épreuves, elle est aussi le symptôme d’une réelle souffrance.
C’est une sorte de réponse de défense face à la tristesse, la colère et le désespoir comme le serait une réponse immunitaire face à un virus. La résilience n’est-elle pas un rempart, conscient ou inconscient, contre des émotions que l’on ne souhaiterait pas affronter ? Ce mécanisme apparaît alors un peu comme un costume de scène que l’on enfile pour jouer un personnage.
En étant résilient, on s’efforce de lutter contre ce que l’on a vécu, contre nos émotions qui nous rendent fragiles. On joue une sorte de pièce de théâtre dans laquelle nous sommes le personnage principal. Et la plupart du temps, nous croyons sincèrement que nous avons surmonté le traumatisme.
C’est dans ce sens que le psychanalyste Serge Tisseron affirme dans son livre « les pièges de la résilience » : « une personne résiliente n’est pas libérée de ses souffrances, mais bien asservie aux mécanismes de refoulement et de compensation, aux schémas de comportement qui lui permirent, jadis, de survivre à un environnement hostile. »
Refoulement, compensation… Oui, on n’est pas vraiment libéré. On remplace quelque chose de négatif par autre chose qui peut également être négatif. Hyperactivité, addiction, obsession, troubles du comportement… la liste n’est pas exhaustive.
Que faire alors ?
S’il y avait un remède miracle, ça se saurait…
On a tous des émotions et sans elles nous serions des robots et non des êtres humains. En effet, toutes nos expériences, entraînent des réponses émotionnelles, elles-mêmes à l’origine de comportements d’adaptation.
Le tout est de savoir ne pas se laisser déborder par un flot d’émotions négatives qui nous conduirait forcément à être malheureux. Les émotions sont nécessaires à notre construction, dans notre vie quotidienne, mais il faut apprendre à les gérer. Il ne faut surtout pas chercher à les enfouir en se disant qu’elles disparaîtront ! C’est faux.
Finalement, réprimer ce que l’on ressent, tenter de supprimer nos émotions ne fonctionne pas. Au contraire, cela peut se révéler parfois plus dangereux pour notre santé que de les affronter.
Notre mental ou psychique a besoin de donner du sens à l’épreuve vécue. À défaut, le stress et le burn-out s’activent en inhibant les fonctions biologiques, physiologiques, endocriniennes et mentales. Notre santé globale est alors affectée…
Il faut sans doute être dans le juste milieu. Prendre conscience de sa fragilité, de ses manques et de ses besoins… De cette prise de conscience découleront certainement différentes pratiques propres à chacun qui nous mèneront à un mieux-être psychologique et physique. Il faut aussi s’exprimer avec sincérité et se demander si finalement on ne vit pas dans le mensonge, à la fois envers les autres, et envers soi-même.
Je finirai par une phrase de Boris Cyrulnik qui a dit : « la résilience c’est l’art de naviguer dans les torrents ». Et n’est pas artiste qui veut.
Charlotte Vallet – Sophrologue et hypnothérapeute à Paris