Un avant goût
En 2016, je décide de partir vivre en Afrique durant 2 ans, suite à une proposition de travail qui m’a été faite sur Linkedin.
Il s’agissait d’un choix de ma part que de partir vivre en Côte d’Ivoire , après notamment être tombée amoureuse de l’Afrique de l’Ouest, durant un tour du monde de 16 mois.
Ceci dit, le métier qui m’a été proposé était dans la continuité de mes anciens postes, dans le marketing, mais je savais éperdument au fond de moi qu’il s’agissait d’une opportunité qui me ferait découvrir davantage l’Afrique, plutôt que de continuer à percer dans ce domaine, pour lequel je commenceais a prendre de réelles distances.
Mon contrat de travail de l’époque (en toute transparence, je travaillais chez TF1 en tant que chargée de contenu éditorial), se finissait au mois d’août 2016 , et je débutais mon nouveau contrat de travail ivoirien au mois de novembre. J’avais un lapse de temps de 2 mois avant de commencer ma nouvelle mission en Côte d’Ivoire. Pour une hyper active comme moi , c’était déjà bien long.
Je réfléchis donc un temps… je me renseigne sur les pays limitrophes à la Côte d’Ivoire, pour éventuellement en visiter un ou deux avant le grand départ, et je tombe par hasard sur une association se situant au Togo.
Terre Promise
La puissance des réseaux sociaux, nous en fait découvrir chaque jour un peu plus …. ! Un partage Facebook d’une personne que je connais me fait tomber nez à nez avec l’association « Terre Promise ». Association à taille humaine à but non lucratif, et connue au Togo pour avoir des bénévoles très sérieux, et des projets en or. Cette association travaille auprès des enfants orphelins en priorité, mais s’engage aussi dans des projets écologiques, ou médicaux.
Il faut savoir qu’il y a plus de 300 associations au Togo, il n’est alors pas évident de choisir la bonne.
Mais Malik le directeur de « Terre Promise » fut la première personne avec laquelle j’ai échangé, et ses explications furent claires et précises et son engagement fort très intriguant. Et puis je suis ce genre de personne qui agit au « feeling », j’écoute beaucoup mon coeur, même si la tête prend parfois le dessus.
Je décide de lui faire entièrement confiance et de faire partie intégrante de son association durant 2 mois. Aucun papier officiel signé, en Afrique ça fonctionne beaucoup sur des échanges de paroles, et des serrages de mains. C’est assez amusant !
Mes expériences en tant que bénévole
Pour en revenir à l’humanitaire, je suis une jeune femme relativement engagée, depuis bien avant mon départ en Afrique; dès que je peux et j’en ai les moyens, j’essaie d’aider à ma façon.
J’ai d’ailleurs crée une association « l’estomac plein » qui a pour but de répondre aux besoins des SDF durant l’hiver, à travers des maraudes. Mes amis m’aident beaucoup dans ce domaine.
Ceci dit, c’est très subjectif le fait d’aider, je suis bien consciente que de sauver le monde c’est impossible …. !
A cette période je commençais déjà à me reconvertir en tant que sophrologue, je pouvais alors déjà mettre à profit mes compétences d’apprenti dans les métiers du bien-être.
Il était cependant très important pour moi de proposer mon soutien et de m’implanter pleinement dans la culture africaine, avant d’y partir travailler.
Concrètement
Vaccin de la fièvre jaune fait (obligatoire), collecte d’habits et de jouets réalisée pour les enfants de la bas, trousse de médicaments bouclée et complète, duvet et sac à dos avec le nécessaire (produits pour les moustiques, lingettes désinfectantes, baskets et chaussettes de marche, passeport) … et c’est parti !!
Dans cet article, je vais tenter de vous expliquer mon voyage au Togo de la façon la plus objective et courte possible, car je suis éperdument consciente que l’on peut s’endormir sur de trop longs articles.
Première étape, ZOOM sur Le Togo : il s’agit d’un petit pays de 7,6 millions d’habitants, en terme de superficie l’un des plus petits états africains. Non loin du Burkina Faso, du Bénin et du Ghana, le Togo est principalement connu pour ses paysages verdoyants, ses plages sauvages, et ses fruits excellents.
Je vous mets ci-dessous une carte du pays en pointant de façon prioritaire les villes que j’ai eu l’occasion de faire :
L’orphelinat dans lequel j’ai vécu durant 2 mois se situe à « Tabligbo », jolie petite ville authentique, peu développée pour nous en tant qu’occidentaux, mais qui commence a développer un réel potentiel pour les togolais.
C’est une ville qui est à 1h30 de bus de la capitale. Quand je dis « bus », il s’agit plutôt de mini van, dans lesquels nous sommes tous entassés comme de vulgaires poulets (rires).
Arrivée à l’aéroport de Lomé, la capitale, le premier jour , Malik est venu me chercher pour m’y emmener. Sacré Malik, il m’a fait rire dès le début ! Doté d’une grande sympathie et sociabilité, il est différent du commun des mortels !
Après un long trajet en avion, bus puis marche , j’arrive enfin au point de chute. Il ne s’agissait pas tout de suite de l’orphelinat comme imaginé, mais du siège de l’association.
Un siège se situant dans une maison désaffectée, sans portes ni fenêtres officielles, dans laquelle Malik a posé ses affaires et en a conclu que c’était le siège de l’association.
Il me montre ma chambre : pas de porte, un matelas tout fin posé à même le sol, une moustiquaire déjà présente, et de l’amour et de la bienveillance qui surplombent le lieu …
Malik, mon ange gardien
Malik m’explique que le départ a l’orphelinat se fera le lendemain après avoir fait quelques provisions de bouteilles d’eau (ce sont plutôt des sachets d’eau), et de fruits et légumes au marché , car du côté de l’orphelinat, « il n’y a rien » me dit-il. Et puis, je suis extrêmement ouverte d’esprit et j’aime découvrir de nouvelles cultures, mais de manger de « L’akoume » tous les jours, peut-être un peu délicat pour mon estomac.
L’akhoume est une spécialité togolaise à base de pâte non cuite, accompagnée de sauces diverses.
Il faut savoir que Malik s’est occupé de moi avec gentillesse, patience et affection du début à la fin de l’aventure. Il fût réellement un guide et je ne le remercierais jamais assez.
Certaines problématiques
Quelle chaleur! 38 degrés, humidité, et pas d’eau pour se laver !!! Je suis partie à la période la plus chaude de l’année, c’est ballot !
Oh, quelle misère, j’avais oublié ce détail, au sujet de l’eau : il n’y a pas d’eau dans les robinets à Tabligbo, il faut aller puiser l’eau directement au puit … Premier jour sur place , grosse chaleur, et aucun seau d’eau n’a été rempli dans la journée au puit par les membres de l’association.
Tant pis , pas de douche pour le premier jour, il faut que je m’habitue vite me disais-je! Et puis après tout, à l’époque comment vivaient-ils ?
Nous, les occidentaux, on accentue nos besoins , qui sont de faux besoins. Ce que j’ai d’ailleurs compris par la suite , c’est que la douche n’allait pas être quotidienne, mais plutôt hebdomadaire au vue des conditions. J’ai du prendre 9 douches en 2 mois.
L’orphelinat
Au réveil le lendemain matin Malik me prend à l’écart et m’annonce que nous allons faire ensemble le programme des semaines à venir : il m’explique qu’en semaine je serai à l’orphelinat et que les weekend on partirait faire des excursions dans le pays ensemble.
J’étais ravie par ce programme !!!
Les motos taxi sont ensuite venues nous chercher pour nous emmener à l’orphelinat. Très chargée, sable dans les yeux et sur tout le corps , piqûres de moustiques qui commençaient a être bien présentes, j’arrive dans cet endroit si chaleureux avec le sourire. L’état physique ne compte plus, une seule seconde, à ce moment là. Ce qui compte c’est bien la santé … !
Fidèle, Merveille, Paul, Pierre, Précieuse… les 24 enfants de l’orphelinat étaient là pour m’accueillir.
C’est les larmes aux yeux que je partais vers eux pour les embrasser. Enfants relativement seuls depuis leur plus jeune âge, ils se sont attachés à leurs « nounous » comme des secondes mamans, ainsi qu’aux bénévoles comme des membres de leur famille.
En moyenne 2 bénévoles viennent chaque mois, ce qui n’est pas non plus assez pour eux.
Ces enfants avaient entre 5 ans et 11 ans pour le plus grand d’entre eux : Hugo, et étaient soudés comme jamais. Ils étaient d’ailleurs dans le même niveau scolaire, ce qui était d’ailleurs étonnant à première vue.
Ils ont été ravis de tous les cadeaux que je leur apportais : habits, jouets, DVD … Noël avant l’heure ! Mais encore plus heureux par ma venue : moi la blanche (« Yovo » en africain) qui venait d’un continent si éloigné d’après eux ! Certains disaient même avec beaucoup de naïveté que je ne venais pas de la planète terre ! Mignon !
Petit résumé de l’expérience entre les murs de l’orphelinat: la semaine je dormais avec les petites filles sur un matelas très fin à même le sol, et je m’occupais de tous les enfants en journée en les occupant le plus possible : jeux ludiques, lecture, marche, chat perché, devoirs maison …
Le programme des enfants dicté par le directeur de l’orphelinat était un vrai programme de militaire, et je me suis adaptée avec brio à celui-ci car j’avais pour principale mission que de les encadrer.
Heure du réveil 5h30, lavage des dents 5h35, douche 5h45, prière 5h55, petit déjeuner 6h10, rangement et balai 6h20, aller puiser l’eau au puit 6h30, école (intégré à l’orphelinat) 7h, pause 9h30, déjeuner 12h, sieste 12h30 ….
Ce qui m’a profondément étonné c’est qu’il n’y avait aucun moment d’amusement… mais pourquoi ? Ce ne sont que des enfants après tout ?
Je me suis alors donnée la mission que de m’occuper de toute cette partie « amusement ». Il fallait à tout prix que ces enfants rigolent, découvrent des films, découvrent des livres, et sortent de leur petite bulle de militaire.
Mon programme était le suivant
-Découverte d’un film par soir , grâce aux DVD récoltés avant de partir sur Paris. J’ai d’ailleurs été extrêmement touchée par l’investissement de mes amis face à cette expérience.
-Lecture d’un livre par jour, grâce, encore une fois aux livres que j’ai récolté auprès de tous mes amis
-Apprentissage d’un jeu sportif par jour. C’est drôle, car les africains n’ont pas du tout la culture du sport à cause de la chaleur.
-Refaire une pièce de l’orphelinat par jour : peinture, décoration …
-Passer du temps, de façon personnalisée, avec chacun d’entre eux, pour leur donner un maximum d’amour.
Ce programme me prit tout mon temps et une énergie folle.
Émotions poignantes
Ce périple fut rempli de joie, de découvertes, de peurs , de rire, de larmes… Les émotions furent tellement fortes et puissantes mais aussi épuisantes.
J’ai perdu 6 kilos avec la chaleur et le manque de protéine, et j’ai attrapé ce fameux paludisme une première fois. Puis une deuxième fois, et une troisième fois en Côte d’Ivoire, mais ça c’est une autre histoire.
LA maladie africaine … mais il faut savoir qu’elle est commune là bas sur place !! Elle se soigne … mais elle nous use terriblement : 40 de fièvre, des courbatures terribles, une sensation de faiblesse absolue.
Mais même affaiblie, je prenais tellement de plaisir avec ces enfants , si solides finalement !!
Comme quoi, on apprend beaucoup dans l’adversité !
Un petit topo sur mes week-ends
J’ai aussi eu l’occasion de parcourir un peu le Togo, ce pays encore méconnu des touristes, et pourtant si beau.
- A Kpalime avec Malik : randonnée dans les montagnes, baignade dans les cascades, feu de camps, méditation avec les habitants du village dans lequel nous avons logé… marche, marche, marche et encore marche. Les paysages sont magiques, resplendissants, et plein de vie. Il est vrai qu’on ne peut pas enlever à l’Afrique sa chaleur, et son exotisme. De même pour ses habitants
- À Anehor, j’ai dormi dans une association voisine pour les aider durant le week-end. Il s’agissait d’une association qui vient en aide aux adultes les plus démunis. Être tournée vers les adultes ou vers les enfants , c’est tout de même une approche bien différente. Si vous décidez de venir visiter le Togo , je vous conseille pleinement Anehor pour son calme , et sa plage sauvage.
- À Kara , au sud du Togo : bonjour les éléphants !!!
Conclusion
Ce que je retiens de cette expérience, c’est que comme le disait si bien Jean Jaurès, « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ».
Nous sommes dans une société de consommation, ou l’on croit profondément que nous avons besoin de ce que nous n’avons pas encore , au point de nous créer des frustrations internes et des souffrances monstres constantes. Je ne connais aucune personne autour de moi qui est heureuse facilement, au même titre que les togolais rencontrés sur place.
Ce que j’ai bien pu constater au Togo, c’est que les enfants dont je me suis occupée ou même les encadrants d’ailleurs, étaient profondément épanouis, sans argent, sans accès à l’eau facile, sans matériel en tout genre et sans besoins à tout prix !!!
La seule chose qui guide leur vie c’est l’Amour !!!
J’en ai pris de la graine … ce fut une vraie thérapie.
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