La faible femme aux fourneaux et l’homme fort et courageux au travail : c’est fini, nous dit-on ! Ah bon ? Je n’en suis pas si sûre. Certes, il y a des progrès, mais…
En dépit des avancées en termes d’égalité des sexes, le monde dans lequel nous vivons reste un monde masculin. Un monde d’hommes construit par les hommes pour les hommes. La place que l’on accorde aux femmes s’agrandit peu à peu (et selon les pays, les métiers, les usages), mais cela reste encore très insuffisant pour décréter qu’un traitement équitable existe entre les deux sexes. Petit tour d’horizon sur l’évolution de nos droits et sur ce qu’il nous reste à faire ! Car les préjugés masculins restent tenaces, même si sur le plan juridique, la société française s’efforce d’établir une égalité de traitement entre les deux sexes.
Petit rappel sur le droit des femmes
Rappelons que ce n’est que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et le droit de vote accordé aux femmes, que celles-ci sont considérées comme des citoyennes à part entière.
Peu à peu, les femmes ont eu « le droit » de gérer leur vie sans avoir besoin de demander l’autorisation de leur mari. Les lois sur la contraception ont ensuite permis aux femmes de disposer de leur corps comme elles le souhaitaient.
Les notions de parité, au début des années 2000, ont été la dernière grande étape vers l’égalité tant souhaitée.
Le chemin reste encore long pour faire sauter les verrous de ces lois et les conventions d’un autre âge. Mais on peut reconnaître que la société française tente « d’avancer » sur le sujet sur le plan législatif. Lentement, trop lentement peut-être, mais sûrement. Reste à savoir ce qu’il en est dans les mentalités… Et ça, c’est autre chose !
Quelque chose de lourd…
De plus en plus de femmes se sont fait une place dans le monde du travail, notamment dans les métiers de l’encadrement, où la mixité ne semble plus être un problème. Encore que beaucoup de femmes estiment qu’elles doivent se battre deux fois plus qu’un collègue masculin pour obtenir un poste ou un salaire équitable.
Dans les autres catégories socio-professionnelles, la mixité et l’égalité des sexes est plus discutable. Il existe notamment encore de nombreuses catégories professionnelles qui sont encore exclusivement réservées aux femmes : assistant(e) d’accueil, secrétaire, hôte(sse) de caisse, technicien(ne) de surface, employé(e) de maison, assistante maternelle, infirmière, sages-femmes.
A contrario, on estime que d’autres métiers sont plutôt réservés aux hommes. Notamment les métiers physiques du bâtiment et des travaux publics. La fameuse réplique de Jean Dujardin dans le film OSS 177 (« On verra bien quand il faudra porter quelque chose de lourd ») reste encore activée, au premier degré, dans de nombreux esprits masculins.
Égalité… des quoi ? des chances… ?
On ne parle plus aujourd’hui d’égalité des sexes mais plutôt d’égalité des chances. Le fait d’être une femme dans un monde d’hommes n’est-il pas encore un handicap ? Selon beaucoup d’entre elles, les inégalités restent notables.
Dans les générations précédentes, le niveau de formation des femmes était moins élevé que celui des hommes. On a longtemps considéré que la femme était destinée à la tenue du foyer et à l’éducation des enfants, ce qui ne nécessitait pas une instruction des plus poussées.
De nos jours, les femmes ont plus de diplômes que les hommes. Oui, plus ! Des études ont démontré qu’en 2018 en France, 42 % des femmes ont fait des études supérieures (Bac+2 et au-delà) contre 34 % chez les hommes. Un chiffre on ne peut plus significatif.
Mais sur le plan des salaires, la musique est moins réjouissante. Pour un même niveau de diplôme, les hommes touchent en moyenne des salaires de 34 % supérieurs aux femmes. Un chiffre qui monte à 46 % chez les bac+3 !
Discrimination inconsciente… pas tant que cela
La première explication tient dans les études choisies. La majorité des hommes sortent des filières scientifiques alors que les femmes ont plutôt choisi les filières littéraires et sociales, qui restent des domaines un peu moins valorisés sur le marché du travail. En outre, beaucoup d’emplois à temps partiel, et donc à salaire moindre, sont occupés par des femmes.
Ensuite, la discrimination, que l’on dit « inconsciente », des employeurs, fait son œuvre. Dans la réflexion pour un poste à pourvoir, dans le cadre d’un recrutement ou d’une promotion, la vie personnelle d’une femme entre en compte : « Elle va devoir s’absenter pour faire des enfants et les élever », « Elle manquera de disponibilité car elle aura aussi les tâches de mère au foyer à assurer ».
Ces paramètres, silencieusement, interviennent dans la décision, notamment dans un contexte tendu où la rentabilité doit être optimisée à son maximum. L’employeur s’interroge plus rarement pour un homme. Celui-ci par défaut saura se livrer corps et âme à son métier. On lui demande rarement s’il a des enfants.
Les mentalités ont donc la peau dure. Elles évoluent au fil des générations mais conservent toujours des préjugés contre les femmes. Malgré tout, on voit dans le monde de plus en plus de femmes devenir chef d’État, premier ministre, député, capitaine d’entreprise. Des femmes qui prennent des responsabilités d’envergure. Des femmes qui ne sont plus seulement perçues comme des femmes mais bien comme des individus en capacité de prendre des décisions. Elles sont (au-delà de toute considération politico-sociale) des exemples pour toutes les femmes.
Des solutions données aux femmes pour faire leur place
Nous devons suivre l’exemple d’une DAME comme Simone Veil, qui a fait beaucoup plus que faire voter une loi qui autorise l’IVG : elle a fait prendre conscience aux hommes de la discrimination qu’ils portaient sur les femmes. Elle s’est battue pour leur faire admettre que l’égalité hommes-femmes est un combat à mener par tous. Simone Veil a beaucoup fait sur le plan juridique, mais encore plus au niveau des mentalités.
Pour que la femme trouve sa place dans la société, il faut donc s’attaquer aux préjugés acquis dès l’enfance. Cela passe notamment par l’éducation. Il faut faire comprendre à nos enfants que les deux sexes ne doivent pas être opposés mais doivent vivre ensemble sans que l’un des deux ne s’estime supérieur. Il est nécessaire par exemple d’en finir avec l’idée que des jeux soient spécifiquement pour les garçons et d’autres pour les filles. Des écoles se sont déjà inscrites dans cette démarche où on ne sépare plus les jeux dans un coffre rose et dans un coffre bleu. Même chose dans les magasins de jouets où l’on s’efforce de bannir les rayons filles et les rayons garçons.
La notion d’égalité s’acquiert donc très tôt. Il faut bannir les expressions telles le « sexe fort » et « sexe faible », ne pas insister sur la notion qui veut que « le masculin l’emporte » (ce n’est qu’une règle grammaticale, rien de plus).
Ne plus considérer certaines disciplines (on pense au football féminin, par exemple) comme une curiosité mais comme une discipline sportive à part entière.
C’est au prix d’une éducation intransigeante, débarrassée de nos a priori sexistes, que l’on parviendra à résoudre, un par un, le problème de la place de la femme dans la société.
Et finalement, il faut surtout que les (certaines) femmes changent aussi leur façon de se positionner. En effet, là encore, consciemment ou non, certaines femmes acceptent cette « soumission » ou cet état de fait. Pensant que c’est… normal ! Que c’est dans l’ordre des choses. NON. Si vous avez vraiment envie de vous faire votre place, vous pouvez y parvenir.
Il reste donc encore un long chemin à parcourir…
Un monde paritaire est possible. La femme doit continuer sa marche en avant pour que l’égalité des sexes soit reconnue par tous. Avec un changement de mentalité opéré le plus tôt possible, elle trouvera peu à peu de plus en plus d’hommes comme alliés. Il ne faudra pas considérer qu’il s’agit de lutter contre les hommes, mais simplement contre des préjugés portés depuis des générations tant par les hommes que par les femmes. En tout cas, de nombreux chantiers restent ouverts pour les générations futures.
Charlotte Vallet – Sophrologue et hypnothérapeute à Paris